Il y a peu de temps, un homme était arrêté en Irlande. L’imagination de certains en avait fait un coupable. Nous avons connu une époque où la délation était monnaie courante dans notre pays. La délation, c’est pire qu’un cancer. Des innocents sont rendu coupables sans preuve patente.
Un journaliste dans la pièce d’à-côté
C’est ainsi que dans le bureau d’un Juge d’Instruction, le secret de l’instruction n’est jamais gardé. Mais à quoi sert une instruction si ce n’est pas pour trier et vérifier d’abord tous les renseignements et toutes les informations ?
J’ai appris, un jour, dans l’Est de la France où j’étais convoqué au bureau d’un juge d’instruction, qu’il y avait dans la pièce à côté, un journaliste à qui l’on transmettait immédiatement les procès-verbaux de l’instruction pour être publiés dans les médias.
Livrer ainsi aux médias les secrets du bureau d’un Juge d’Instruction, c’est déjà condamner un homme ou une femme à la vindicte populaire.
En France, la présomption d’innocence n’existe que sur le papier. C’est la loi qui n’est jamais respectée. Il est étonnant que la Justice garante de l’équité ne respecte pas la loi.
Le cas de Nantes
Dans cette affaire de Nantes où un homme a été jeté en prison alors qu’il était totalement innocent des faits qui lui étaient reprochés, ne va-t-on un peu trop vite en besogne ? Mais, plus grave encore, c’est toute une famille qui a été montrée du doigt. Et, en province, ça ne pardonne pas.
Tout cela par une simple délation. Le mal est fait, il est irréparable, même par de l’argent, qui ne résoudra rien. Et combien de fois un homme ou une femme sont-ils mis en détention préventive alors qu’ils sont innocents ?
Lors que le mal est fait
Comment se fait-il qu’une convocation dans un bureau de Juge d’Instruction soit dévoilée à la presse avant même la comparution ? Les médias font leur travail et il y a bien quelqu’un qui donne les renseignements et, dans notre pays, la délation l’accusation, la sanction, sont impitoyables.
Ô qu’il est facile de jeter un adversaire ou un concurrent entre les mains de la Justice par une simple dénonciation sans vérification.
La Justice se doit d’être à l’écart des médias, tout au moins avant un procès. Dans les autres pays, on respecte le droit à l’innocence. Il est quand même curieux que dans le pays des droits de l’homme, ce soit l’inverse !
Dans les prisons, près de 50% des prisonniers le sont à titre provisoire et plus de 20% en ressortent blanchis, mais le mal est fait. Ce n’est pas parce qu’on est incapable de résoudre un problème que l’on doit salir les autres.
En général, la Justice est bien rendue en France ; cela n’est absolument pas mis en cause. C’est la délation et la dénonciation qu’il faut vraiment interdire. Car, chaque fois qu’il y a un problème de justice dans de telles conditions, c’est un crime contre la liberté et un crime contre l’innocence.
J’ai entendu des personnes au plus haut niveau appeler à la délation ; cela me rappelle de sacrés mauvais souvenirs.
Puisse-t-on, un jour, supprimer le mot « délation » de notre dictionnaire. Je crains que ce ne soit pas pour demain.