En choisissant la solution de facilité, en faisant produire hors de France l’essentiel et à bas coût, on a rendu les armes avant de s’être battu.
Nous voilà dans des camps de prisonniers, de luxe il est vrai, en attendant la fin des hostilités.
Oh ! Certes, l’armistice est proche, mais à quel prix. Car, comme après la guerre, tous nos outils de travail, les hauts fourneaux, les aciéries, les lainières du Nord et autres, ont été détruits : on ne s’est même pas battu. On a choisi, pendant les trente Glorieuses, la facilité et la fatalité. On a créé des puissances économiques extérieures à la France en nous rendant prisonniers et dépendants.
Bien sûr, le coronavirus n’en est pas la cause mais il est couplé par une crise financière larvée et c’est la peur qui va réveiller nos consciences.
Aujourd’hui, il nous faut remettre l’ouvrage sur le métier. Cet ouvrage, c’est notre outil de production ; ce sera difficile mais très faisable. Les Français l’ont plusieurs fois prouvé. Et s’il y a eu beaucoup d’erreurs de commises : il n’est jamais trop tard pour bien faire.
Notre économie va payer le prix du désastre mais aussi le prix de la reconstruction avec un nouveau monde, un nouveau système social pour être compétitif. Oui, il va falloir, pour reconstruire, prévoir plus de 50 000 milliards en dix ans pour financer ce monde nouveau où l’on n’oubliera pas le travail et où l’on mettra la facilité au rancard.
Il n’est pas un économiste, au monde, qui puisse contester que notre système social n’est plus au goût du jour. C’est le rôle de l’État de payer le social et les retraites ; ce n’est pas le rôle du travail.
Oui, il va falloir retourner à nos fourneaux, à nos machines à tisser, à notre acier des hauts fourneaux. Il faudra rendre à l’agriculture ses lettres de noblesse et redonner au commerce son rôle de distributeur et non de spéculateur, y compris pour la grande distribution.
Bien sûr, on sera toujours tributaire de certains minerais mais nous disposons, tout de même, de nombreuses mines et de ressources humaines capables de les extraire.
Un crime serait commis si l’on cassait notre outil de production énergétique. Les besoins de la France en énergie électrique vont être multipliés par deux en moins de dix ans.
Il faudra aussi remplacer tous les produits plastiques par des produits plus biodégradables, ce qui nous rendra moins dépendants des pétrodollars.
Il y a peu de temps, on a même appris qu’avec de l’hydrogène compressé, on pouvait faire de l’acier. Et c’est l’hydrogène aussi qui sera le carburant de demain en remplacement des produits pétroliers.
Alors, tout ce qui est éoliennes ou panneaux solaires, c’est très bien, c’est très utile, mais ce sera insuffisant. Il nous faut nous servir de ce que l’on a créé. Toutefois, les centrales nucléaires d’aujourd’hui ne sont plus d’actualité. Il faut revenir à des mini-centrales, moins dangereuses, plus près du consommateur ou de l’utilisateur.
Il nous faut refaire et développer ce que l’on a appelé les Compagnons du Devoir, afin de produire mieux pour vendre mieux dans tous les secteurs d’activité.
Pendant les Trente Glorieuses, on a considéré l’apprentissage comme une déchéance. On rabaissait l’intérêt de l’apprentissage et on ne le finançait qu’à moitié. On s’est cru des êtres supérieurs en oubliant l’essentiel : le travail.
Si la Chine est, aujourd’hui, une puissance économique, c’est notre faute, c’est nous qui l’avons faite Reine, par facilité.
Nous savons aussi produire des robots, nous savons aussi faire des micro-processeurs et bien souvent, c’est nous qui avons donné les brevets à la Chine pour faire moins chers.
Il faut arrêter de faire moins cher mais, tout de même, il faut avoir des prix compétitifs. On n’arrêtera pas la mondialisation, mais, comme pour le reste, il faudra peut-être s’en protéger en faisant mieux à des prix plus compétitifs dans nos pays européens.